À consommer de préférence avant fin 2017

C’est l’heure du bilan annuel ! Ce blog, comme la plupart de ses congénères, se meurt. Vivement la fin de Medium et l’effondrement de Facebook, qu’on retrouve enfin nos PHPBB et nos Dotclear, et que les lecteurs lachent à nouveau des comz.

Bref, vous constaterez que je suis assez peu inspiré pour l’introduction cette année, alors je vous propose d’entrer directement dans le vif du sujet : que s’est-il passé en 2016 à la STPo Corp. ?

Ma peinture-carte-de-vœux annuelle. Version haute définition ici pour les curieux.

Activité professionnelle

  • Commençons comme chaque fois par les sous : si 2015 avait été moins rémunératrice que 2014, 2016 a été ma meilleure année de tous les temps d’un point de vue financier, et de très loin. J’ai bouclé à 114,8 k€ de CA, ce qui représente un bond de 53 % (!) par rapport à l’année dernière. À dire vrai ce chiffre obscène reste encore aujourd’hui un peu déstabilisant pour moi, surtout au regard de mes premières années de freelance placées sous le signe du RMI (le RSA des vieux). D’autant plus déstabilisant que je n’ai pas cherché à « faire mieux » que l’année dernière et que tout s’est fait un peu en improvisant au fil de l’eau.

  • La raison première de ce high-score est assez prosaïque : j’ai beaucoup travaillé. J’ai péniblement sauvé quatre semaines de vacances et cumulé 230 jours de travail facturé à mon tarif plein entre, ce qui est relativement énorme dans le cadre d’une activité freelance.

  • Tous mes clients ont également décidé de me payer avant la fin d’année, ce qui fait que je démarre 2017 avec zéro facture en attente (et d’autant plus de CA encaissé sur 2016). L’occasion de confirmer que décidément oui, mes clients sont globalement cools : j’ai la chance d’avoir noué au fil des ans des relations de confiance qui font que contrairement à d’autres indépendants je n’ai encore eu à subir aucun impayé depuis la douzaine d’années que j’exerce.

  • Je note également que s’il est acquis que je suis un freelance génial, je cumule également plusieurs privilèges qui font que c’est plus facile de faire tourner correctement ma boutique aujourd’hui :

    • Le premier c’est que je suis sur un créneau toujours porteur (le web design et le front-end pour faire court).
    • Le deuxième c’est que je suis désormais « installé » et que tout est plus facile quand la machine est déjà lancée, le carnet d’adresses rempli et les clients contents.
    • Le troisième c’est que je ne prospecte toujours pas et qu’on me contacte naturellement sans que j’aie à perdre mon énergie en relances, recherche de positionnement et communication (d’ailleurs mon site commence à salement vieillir dans l’indifférence générale).
  • Cela dit je garde à l’esprit que rien n’est jamais acquis pour un indépendant : j’ai autour de moi des exemples de confrères passés de chiffres comme les miens à moitié moins en quelques mois et il n’est pas du tout exclu qu’il m’arrive la même chose. Bref, je garde la tête froide et ne me fixe pas non plus pour objectif de dépasser mes scores de cette année : je n’ai pas d’actionnaires à engraisser et aucune intention de « grossir » davantage, on n’est pas dans un jeu vidéo.

  • Malgré cet agenda bien rempli, j’ai fait très peu de charrettes (une seule, et sur une seule soirée). Mes journées font toutes huit heures et je m’astreins à ce que ça reste le cas : une grosse année de webeux ce n’est donc pas forcément bosser les soirs et les week-ends, par contre c’est de la discipline (il faut savoir fermer Slack et Twitter de temps en temps).

  • Sinon comme chaque année depuis 10 (15 ?) ans on prédit çà et là la mort imminente de « l’intégrateur à l’ancienne » (celui qui fait pas de React). Et comme chaque année rien ne se passe, ou plutôt tout continue : la demande sur de la grosse inté HTML/CSS responsive bien solide n’a jamais été aussi forte à la STPo Corp., et les budgets clients suivent. Certains postes salariés avec les mêmes exigences peinent même à trouver chaussure à leur pied, comme quoi…

  • Sur le salariat justement : même si notre secteur va globalement bien, plus le temps passe et plus je vois mes confrères salariés peiner à établir des relations équilibrées avec leurs patrons ou futurs employeurs. Les récits d’entretiens d’embauche ou de négociation salariale qui parviennent à mes oreilles ressassent systématiquement les mêmes histoires de soumission pré-requise du « demandeur » (d’emploi, d’augmentation) au décideur (actuel ou futur), qui pourtant a au moins autant besoin d’un salarié que le salarié d’un salaire. Ces échanges me semblent nettement moins hypocrites dans le cas d’une relation freelance/client, sans doute parce que la subordination y est absente par définition et que personne ne croit faire la charité à l’autre en lui soumettant une collaboration. Il y aurait beaucoup de choses à en dire, mais ce qui est certain c’est que je ne suis pas près de retourner pointer pour un patron (ou d’embaucher des sous-fifres).

  • Dans le même ordre d’idée, j’ai vu cette année plusieurs confrères talentueux quitter carrément le navire, dégoûtés par un milieu qui n’arrive décidément pas à les intégrer sur le long terme. Les confrères en question sont d’ailleurs souvent des consœurs, ce qui rappellera assez tristement aux rêveurs que pour porteur qu’il soit, notre secteur n’échappe pas aux travers sexistes du reste de la société (et du monde du travail en particulier). Cela dit et pour douloureux qu’ils soient, ces échecs nous disent aussi en creux quelque chose sur la relation incestueuse que nous autres geeks entretenons avec notre « travail passion », autour duquel a tendance à tourner l’intégralité de notre existence… peut-être à tort.

Activité personnelle et communautaire

C’est d’ailleurs en discutant avec d’autres « artistes-auteurs » que j’ai été amené à approfondir cette année ma réflexion sur le côté purement alimentaire du travail que je vends et à la façon dont il influence mon travail personnel. C’est un sujet qui me travaille depuis des années, et c’est Olivier Texier qui en parle assez justement en expliquant comment son activité artistique (globalement désintéressée) se nourrit de la contrainte exercée par son boulot alimentaire (rémunéré) au quotidien. Il explique assez bien comment l’un ne pourrait pas exister sans l’autre et cette conception des choses trouve un écho certain avec mes propres interrogations. Un point intéressant pour moi étant qu’il souligne qu’il n’est pas nécessaire de détester son job alimentaire pour que ça fonctionne (ce qui tombe bien parce que j’aime le mien).

À titre personnel j’en suis arrivé à la conclusion que je ne voulais pas dépendre de ma création personnelle (au sens : intime) pour vivre, parce que ce serait le meilleur moyen de la castrer et de m’en dégoûter à terme. Créer sur commande pour payer les factures ? Oui, si c’est pour répondre à une commande, à un besoin différent du mien. Ma création (vraiment) personnelle en revanche, je préfère la faire gratuitement et quand mon cerveau est disposé.

Cette année justement, mon cerveau était disposé pour divers projets :

  • J’ai continué mon blog BD « Fermentations », dont j’ai à peu près réussi à tenir le rythme de parution hebdomadaire. Et la grande nouveauté, c’est que mon boulot parait désormais sur papier : depuis septembre, un strip inédit est publié chaque mois dans le mensuel indépendant CQFD. C’est vraiment une étape importante pour moi, aussi bien parce que je suis fier de figurer dans les pages de ce canard que parce que ça me permet de parler à un autre public. Espérons que ça continue, et qu’ils continuent à m’adresser la parole malgré mon CA de social-traître de cette année.

  • Question musique j’ai réussi à publier péniblement un autre morceau chez Double Hyperbate, et surtout j’ai un nouveau groupe. Ça s’est fait un peu par hasard (on est venu me chercher et les horaires de répète se sont avérées compatibles avec mon planning de papa) et ça avance doucement, on verra si ça donne quelque chose…

  • Côté associatif ça a été une année assez moribonde en revanche… pas de vrai projet nouveau ni d’action concrète, malgré un truc qui traîne dans les cartons depuis 2015 chez Métiers Graphiques mais que je n’ai pas eu le temps de ressusciter (pardon encore Graphic Victim si tu me lis). J’ai également été sollicité par Rémi pour la refonte graphique du site des 24 Jours de Web et j’ai produit quelques trucs pour, mais le projet s’est finalement cassé la gueule et c’est hélas reporté. On essaiera de faire mieux cette année.

La suite

Eh bien en 2017, je vais faire pareil, mais en mieux. En différent. En moins bien. On verra.

À l’année prochaine !

Posté le 26 janvier 2017

Arf, le champ est vide…

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Commentaires (2)

  • Toujours aussi intéressant et pas nombriliste, je ne connais pas bien le milieu des frees et ca permet de mieux comprendre comment ils peuvent s’organiser.

    #1 par Un salarié anonyme qui ne regrette toujours pas

    26 Jan. 2017 à 18h14

  • Même si vous dites manquer d’inspiration pour votre intro, je la trouve tout à fait à propos. Votre article venant renforcé vos dires. Les réseaux sociaux ne permettent pas l’honnêteté que l’on retrouve dans vos articles, qui sont à mon avis, la raison pour laquelle beaucoup vous lises.

    Cordialement.

    #2 par Sou_Néant

    20 Fév. 2017 à 13h59

J’ai fini par couper les commentaires ici. Si vous voulez me parler, allez sur Twitter !

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