En 2016, on garde le cap

Comme chaque année, quelques bilans et perspectives sur mon activité professionnelle et personnelle. À la STPo Corp., la transparence est totale…

De façon générale, il est certain que 2015 ne restera pas dans les mémoires comme une année de folle insouciance. Chez moi la vie a été un peu chaotique également, mais il en émerge néanmoins quelques jolies choses qui autorisent à une pointe d’enthousiasme pour la suite.

Ma peinture-carte-de-vœux annuelle. Version haute définition ici pour les curieux.

Activité professionnelle

2015 a été dans la continuité de 2014, pas de gros changement cette fois-ci mais quelques réglages et de nouvelles rencontres.

  • Question sous, j’ai fait un moins bon chiffre que l’année précédente, ce qui est une première depuis 2011 : 74.8k€ contre 81.1k€ (soit une baisse de 8 %). Ça ne me fait pas excessivement peur, principalement pour deux raisons :

    • La première c’est que dans l’absolu ça reste un bon chiffre et ça me permet de continuer à vivre comme je vis, même si mes dépenses domestiques explosent cette année (faites des enfants…).
    • La seconde c’est que c’était prévu : l’année dernière je faisais part de mon intention de lever le pied pour dégager du temps pour mes projets personnels, et c’est ce qui s’est passé. Toujours difficile de dire à quel point une baisse de CA est voulue ou subie, mais pour le coup je m’y attendais et reste donc plutôt serein sur le sujet.
  • Sinon cette année j’ai continué à fidéliser quelques clients que j’aime bien et j’ai eu l’occasion bosser avec de nouvelles boîtes sur des projets faisant écho à certaines convictions et lubies personnelles, ce qui est très agréable : syndicats, organismes culturels, administrations, associations, presse indépendante, autant de références qui sortent de mon périmètre professionnel habituel et constituent un véritable bol d’air. J’espère pouvoir continuer à creuser cette voie.

  • D’un point de vue plus large, 2015 aura été la première année où je me suis sentir vieillir dans mon métier. La plupart de mes amis et collaborateurs ont désormais la trentaine bien sonnée et ils ont parfois entrepris de fonder une famille, ce qui les confronte à une réalité du marché du travail schizophrène et à pas mal de déconvenues professionnelles. À 35 ans on a des prétentions salariales un peu plus conséquentes qu’à 20 et on ne se laisse plus appâter avec un baby-foot et du Coca gratuit. Avec des enfants à charge on ne peut plus se permettre de finir le boulot tous les jours à 20h ou d’improviser des heures sup le week-end. Pourtant Dieu sait que notre milieu a besoin de profils seniors, mais il y a fort à parier que tant qu’il se complaira dans sa bulle adolescente attardée il ne les gagnera pas à sa cause…

  • C’est dans ces moments-là que je savoure le fait d’être travailleur indépendant : contrairement à pas mal de mes confrères salariés, je n’ai pas de mal à faire accepter mes tarifs « seniors » et à trouver des clients comprenant (et réclamant !) la plus-value apportée par un profil expérimenté, parfois après des déconvenues avec des juniors (qui au final leur auront coûté plus cher)… Il arrive encore qu’on essaie de me faire travailler pour 300€/jour (c’est non), mais c’est devenu rare et j’ai le sentiment que le positionnement senior du freelance est davantage compris, recherché et valorisé que celui de son alter-ego salarié. Je me trompe peut-être.

  • Un mot aussi sur le télétravail : ça fait des années que je suis indépendant et je n’ai jamais fait de mission sur site (pas une seule). Aucun de mes clients ne s’en est jamais plaint, au contraire. J’ai l’impression que sur ce point également les indépendants ont une vraie longueur d’avance, parce qu’à part quelques chasseurs de têtes à SSII confits dans le formol des années 90 personne ne me demande jamais d’aller trimer comme un esclave à Puteaux juste pour le plaisir de me fliquer. Pour trouver un poste salarié en télétravail en revanche il faut se lever tôt, et si je connais quelques chanceux qui ont décroché la timbale, la plupart se tapent encore leurs 2-3h de transport quotidien dans une agglomération parisienne plus saturée que jamais.

Activité personnelle et communautaire

Comme je le laissais entendre plus haut, il s’est passé pas mal de choses au chapitre des projets personnels cette année.

  • J’ai lancé un nouveau blog BD : ça s’appelle « Fermentations », ce sont des strips sans héros fixe se déroulant dans un bar qui me permettent d’aborder un peu tous types de sujets et de passer facilement du coq à l’âne. Je rode encore le truc, alternant questions sérieuses et sujets légers (voire vulgaires). J’essaie de m’en tenir à un rythme de parution hebdomadaire, pour l’instant j’y arrive plutôt pas mal et je rigole bien. Tant que ce sera le cas je continuerai !

  • Je me suis également remis à la musique avec un projet sobrement nommé « Double Hyperbate » qui ambitionne d’enregistrer des morceaux que je jouais avec mon groupe d’avant en version minimaliste. Je n’avance pas aussi vite que je veux (j’enregistre au boulot…) mais j’ai déjà un morceau de fini et un deuxième est d’ores et déjà en cours.

  • J’ai aussi continué à participer à des projets avec des copains, parfois sur des trucs parfaitement débiles.

  • Cornaqué par Laurence, j’ai fait un dessin pour une gravure vendue en soutien aux migrants (l’intégralité des bénéfices ont été versés à la Croix Rouge). Si j’ai dû réaliser l’illustration dans l’urgence (et n’en suis donc pas pleinement satisfait), je suis content de cette initiative et des sous qu’on a réussi à récolter. Merci à Laurence d’avoir botté nos fesses paresseuses.

  • Côté militantisme toujours, mon gros projet de 2015 a été la refonte du Kit de survie du créatif et la résurrection de l’association Métiers Graphiques. Le Kit est un site créé en 2008 par Julien Moya regroupant des conseils concrets à destination des créatifs mais laissé en jachère par son auteur depuis un bon moment déjà. Je n’ai pas fait cette refonte seul (merci notamment à Vincent pour son gros boulot sur la partie développement) mais je crois pouvoir dire sans trop me jeter de fleurs que je l’ai portée à bouts de bras, et je suis bien content du résultat. J’ai même écrit quelques nouveaux articles dessus pour l’occasion, et je suis persuadé que c’est encore aujourd’hui une ressource pertinente et précieuse (j’aurais aimé disposer d’un tel site quand j’ai commencé !). Le tout s’est fait sous l’égide de l’association Métiers Graphiques qui héberge le projet, et qui s’est découvert elle-aussi une seconde jeunesse dans l’aventure, bien épaulée par les motivés du « Slack des webeux ».

  • Ce qui m’amène à parler un peu de la « communauté » : 2015 aura été marquée par un certain nombre de querelles de personnes au sein des différents cercles que je fréquente (graphistes, designers, développeurs). On s’est fait virer de certains Slacks, on s’est pris nommément à des personnes par billets d’humeur interposés, on a trollé sur Twitter, on a chassé des sorcières avec plus ou moins de finesse… bref, ça a pas mal castagné. Ça n’a rien de nouveau : les communautés sont friandes de cancans, IRC existait avant Slack et les blogs avant Twitter. Néanmoins j’ai l’impression que le vase a débordé cette année, et personnellement si j’ai déploré quelques lynchages un peu gratuits ça a été un bon moteur pour la refonte du Kit dont je parlais plus haut : quand on me reproche de râler et de ne jamais rien faire, ça me donne envie de prendre la mouche et de prouver l’inverse… Si le résultat des courses est la publication de nouveaux outils, la consolidation d’une conscience éthique et militante au service de nos métiers ou le recul du sexisme dans le milieu du web, alors je suis content d’avoir râlé contre les choses qui m’énervent et je vais continuer à le faire.

La suite

Eh bien en 2016, je vais faire pareil, mais en mieux.

À l’année prochaine !

Posté le 14 janvier 2016

Arf, le champ est vide…

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Commentaires (4)

  • Tes bilans sont toujours très intéressants, non seulement parce qu’ils offrent un côté « backstage » sur ton activité free, particulièrement intéressant pour une salariée qui réfléchit très fort à l’indépendance, mais aussi parce qu’il mêle côté pro et côté perso, exercice périlleux s’il en fut que tu réussis toujours fort bien.

    La phrase « quelques chasseurs de têtes à SSII confits dans le formol des années 90  » m’a fait beaucoup rire ! Je me la garde de côté.

    Quant à ta réflexion sur la communauté FR, je l’ai lue avec intérêt, car ça reste un sujet dont on parle peu publiquement. La peur de se faire basher et de devenir la tête de turc du moment est grande. Perso, l’ambiance « chasse aux sorcières » qui a émergé en 2015 m’a vraiment gavée, au point de me faire réfléchir à quinze fois avant de publier le moindre truc. Ce que tu publies aujourd’hui m’encourage toutefois à sauter le pas à mon tour, et à poser par écrit tout ce que cela m’inspire – ou ne m’inspire pas…

    Ah, et pour finir : ta carte de vœux est magnifique, ça a été un vrai plaisir que de la découvrir un matin dans ma boîte mail. Merci !

    #1 par Marie Guillaumet

    15 Jan. 2016 à 10h46

  • Salut Marie, merci pour ton gentil message.

    Concernant la communauté et ses mœurs, personnellement j’ai lu pas mal de choses dessus sur Twitter et dans des billets de blog cette année (« publiquement » donc), je ne suis pas certain qu’il y ait un tabou sur le sujet. Notre communauté est constituée de dizaines de chapelles de tailles diverses qui ne dialoguent pas autant entre elles qu’on pourrait le croire, et on a vite fait de les mettre dans des cases confortables (les trolls graphistes, les devs intégristes, les BHL de service…). La réalité est plus fine et on ne voit finalement les choses que par le biais de son propre réseau, qui dans mon cas est très loin d’être universel (et encore moins œcuménique). Une « affaire » ne fait parfois du bruit que dans notre timeline.

    La peur de se faire basher est légitime, et il est certain que trier les critiques recevables des attaques gratuites est essentiel si on veut garder la tête à peu près froide. Mais veiller à ne pas assimiler systématiquement toute critique à du trolling de base fait aussi partie du jeu : c’est une leçon d’humilité permanente (et là je te paraphrase donc je ne t’apprends rien) et il faut accepter ce débat sinon on ne fait que soliloquer…

    Dernière chose : j’ai parfois l’impression que sans clash, le débat ne décolle pas. J’ai par exemple essayé de parler posément d’éthique sur ce blog, et ça a finalement généré beaucoup moins de réactions et d’échanges que quand certaines stars de Twitter ont été mises publiquement (et personnellement) le nez dans leur caca. Je le déplore, et très honnêtement je ne sais pas très bien comment aborder le problème.

    #2 par STPo

    15 Jan. 2016 à 12h10

  • Merci pour ce billet, toujours intéressant quand on n’est pas free d’avoir des retours d’XP francs et honnêtes. (et j’aime bien Fermentations soit dit en passant 😉

    Tiens, là je viens de prendre un coup de vieux : je suis complètement passé à côté des ces prises de becs (faut dire que Slack, pas le temps). Bref, relativisons.

    #3 par Nico

    17 Jan. 2016 à 12h29

  • Salut Nico, rassure-toi tu ne rates pas grand chose…
    Et merci pour Fermentations !

    #4 par STPo

    18 Jan. 2016 à 10h20

J’ai fini par couper les commentaires ici. Si vous voulez me parler, allez sur Twitter !

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